Château Canon

Présentation :
Propriété de 34 hectares dominant la vallée de la Dordogne située à proximité du château Beau-Séjour-Bécot à l'ouest, du Clos Fourtet au nord, château Magdeleine au sud et château Belair-Monange à l'est.
Le vignoble ceinturé d’un mur de pierre possède une superficie de 21 hectares (80 % Merlot, 20 % Cabernet franc) et est disposé sur un sol argilo-calcaire sur socle calcaire situé sur le plateau calcaire de Saint-Émilion avec une exposition vers le sud-ouest à une altitude de 87 mètres.
La superficie du vignoble est passée de 18 à 21 hectares par reprise de près de 4 hectares du Château Curé bon.
La propriété tire son nom de son créateur : Jacques Kanon.

Histoire :
Les premiers propriétaires connus du bourdieu Saint-Martin sont la famille Biès.
Le 11 avril 1760, suite à une sombre affaire familiale, Jean Biés aîné, ancien garde-corps du roi de France dans la compagnie écossaise sous l'Ancien Régime (corps de cavalerie charger de veiller sur le roi à l'intérieur de son palais et de garder les portes du palais la nuit) vend le bourdieu Saint-Martin à un lieutenant de frégate, corsaire originaire de Blaye, du nom de Jacques Kanon (1726-1800) pour la somme de 40400 livres. Avec cette somme, Jean Biès aîné rachètera dès juin 1760 un autre domaine situé à Preignac (château Les Rochers).
Au moment de l'achat, la propriété se constitue d'un clos ceint d'un mur d'une superficie de 13 hectares et fait rare pour l'époque, est entièrement consacré la culture de la vigne. Le cuvier de la propriété comprend le mobilier suivant : un pressoir, une mée à fouler la vendange, une grande cuve de dix tonneaux, quatre autres cuves écoulant de cinq à dix tonneaux, trois douillats de charge ou tirevins et autres menus ustensiles.
Jacques Kanon investit d'importantes sommes d'argent (on parle de 20000 livres) dans son domaine et agrandit légèrement le domaine en achetant sept petites pièces de terre adjacentes au clos où Jacques Kanon fera construire de nouveaux bâtiments techniques et le château qui sera achevé en 1767.
Rapidement une compétition dans le domaine du vignoble et des vins s'engage avec la propriété voisine de de Paul-Romain de Sèze (?-1788), curé de Saint-Sulpice-de-Faleyrens à Berliquet.
Le 4 décembre 1770, Jacques Kanon revend la propriété du bourdieu Saint-Martin pour la somme de 80000 livres à Raymond Fontémoing (1702-1800), négociant et propriétaire du château Canon de Fronsac. Celui-ci décide alors de renommer le domaine en Clos Saint-Martin. Ce prix de vente est déjà indicatif de la renommée des vins du bourdieu.
Jacques Kanon va émigrer en Haïti dès 1772 où il emploiera l'argent de la vente à l'achat d'une plantation sucrière en 1778 à Jérémie, canton de la Voldrogue en Haïti.
Après le décès en 1800 de Raymond Fontémoing, c’est son dernier fils, Jean-Raymond (?-1809?) qui hérite du domaine du Clos Saint-Martin.
En 1808, Jeanne de Tranchère, sœur de Jean-Raymond et veuve d'Arnaud-Valentin de Tranchère (?-1793), administrateur du département de la Gironde et guillotiné reprend le domaine.
En 1815, elle épouse Ferdinand Auguste Joseph Hovyn (1780-1859).
Le domaine du Clos Saint-Martin passe ensuite à leur fils, Jules Hovyn de Tranchère (1816-1898), député de la Gironde de 1848 à 1852, conseiller général et maire de Guîtres.
En 1853, le domaine est rebaptisé château Canon Saint-Émilion, peut-être en l'honneur de son créateur, sans doute suite à la vente du château Canon de Fronsac par la famille Fontémoing.
En 1857, Jules Hovyn de Tranchère vend le château Canon Saint-Émilion à Bertrand Henri de Bonneval (1806-1882) pour la somme de 92000 francs. La superficie du vignoble est alors de 18 hectares.
En 1867, le domaine obtient une médaille d'or à l'exposition universelle.
En 1883, suite au décès du comte Henri de Bonneval, le château Canon est vendu à Honoré-Maurice Domecq-Cazaux (1861-?). L'époque est terrible pour le vignoble, les crises viticoles se succèdent : oïdium, mildiou puis phylloxéra.
En 1889 (ou 1891), Honoré-Maurice Domecq-Cazaux revend le château Canon à Félix Guignard qui va reconstituer le vignoble avec des cépages greffés sur les conseils du docteur Louis Pierre Hisman Peyraud (1843-1900), médecin, qui a épousé Marie-Louise Boitard de la Poterie, (1857-?) héritière du château Canon La Gaffelière.
Après le décès en 1900 du docteur Peyraud, Marie-Louise Boitard de la Poterie va prendre la direction du château Canon et la conserver jusqu'à sa vente.
En 1919, Gabriel Supau, propriétaire de château Broustet achète le domaine pour le donner à sa fille Henriette (?-1984) qui a épousé André Fournier (?-1955), avocat et négociant en vins.
Après la seconde guerre mondiale, la direction du domaine est cédée à Pierre Fournier.
En 1955, le domaine intègre le premier classement des grands crus classés de Saint-Émilion dans la catégorie premier Grand cru classé.
A compter de 1969, la mise en bouteille au domaine devient obligatoire pour l'appellation Saint-Émilion Grand cru et pour les Grands crus classés.
En 1972, un de ses fils, Éric Fournier (1948-) prend la direction du domaine.
En 1976, le cuvier est rénové avec l'installation de nouvelles cuves de fermentation en bois thermo-régulée.
En 1987, le château est rénové.
En septembre 1996, les frères Wertheimer (propriétaire de Chanel et du château Rauzan-Ségla), Alain, Charles et Gérard, rachètent le château Canon et son vignoble de 18 hectares pour la somme de 110 millions de francs. Il est alors décidé de replanter au fur et à mesure l'intégralité du vignoble, de nombreux ceps, replantés suite au gel de 1956, étant atteints de maladies.
En 1997, les chais de vinification et d'élevage sont rénovés. Il en résulte des problèmes de moisissures dans le bois des charpentes dégageant des anisoles. Ils sont actuellement constitués de deux salles climatisées pour l'élevage du vin de première année et d'une salle, elle aussi climatisée, pour l'élevage du vin de seconde année.
Le cuvier est équipé de 24 cuves thermos-régulées tronconiques en acier inoxydable d'une contenance de 56 à 98 hectolitres permettant une vinification parcellaire.
En 2000, le domaine voisin : Château Curé Bon la Madeleine † est racheté et son vignoble de 3,5 hectares à l'époque est intégré après autorisation de l'INAO à celui du château Canon.
En 2002, les pompes à vin sont supprimées.
En 2006, les cuves en bois sont remplacées par des cuves tronçoniques en inox à double paroi.
En juin 2011, le Château Matras et son vignoble de 12 hectares également situé en contrebas de château Canon est racheté pour la somme de 8 millions d'euros. Les vignes du Château Matras ne sont pas (à l’exception de deux parcelles représentant un hectare) intégrées au grand vin de château Canon mais utilisées pour la production du second vin, le Clos Canon qui devient à compter du millésime 2011 : Croix Canon.
Le responsable du domaine est John Kolasa (1949-) ancien responsable commercial du château Latour qui dirige en même temps le château Rauzan-Ségla, propriété de la famille Wertheimer également.
Le chef de culture et maître de chai est Stéphane Bonnasse.
Le 29 octobre 2012, le domaine intègre, après la proposition du 6 septembre 2012 de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), le sixième classement officiel des crus de l'AOC Saint-Émilion Grand Cru dans la catégorie : Premier Grand Cru Classé B.
A l’occasion de ce classement deux parcelles de vignes plantées en Cabernet franc du château Matras sont intégrées au vignoble du château Canon.
La même année, le second vin change de nom avec le millésime 2012, il devient Croix Canon.
En mai 2014, Nicolas Audebert, auparavant chez Krug puis à Cheval des Andes en Argentine, devient le directeur du domaine et du château Rauzan-Ségla en remplacement de John Kolasa.
L’oenologue conseil du domaine est Gilles Pauquet.
En juin 2017, le château Berliquet et son vignoble de 10 hectares est racheté à la famille de Lesquen. Dès le rachat, le domaine est dirigé par Nicolas Audebert directeur du château Canon et du château Rauzan-Ségla.
Le 8 septembre 2022, le domaine est retenu dans la catégorie Premiers Grands Crus Classés du 7ème classement des crus classés de Saint-Emilion.

Les vins :
L'encépagement du domaine évolue, dans les années 1990 les proportions étaient de 65 % Merlot, 35 % Cabernet franc.
Densité moyenne de plantation : de 5500 à 6500 pieds/ha selon les parcelles.
Élevage de 18 mois en fût de chêne (50 à 70 % neuf)
Production moyenne 285 hl/an.
Pas de millésime 1984 pour le grand vin.
Le second vin du domaine porte le nom de : Croix Canon.
Du millésime 1996 au millésime 2011, le second vin s'appelait Clos Canon.
Le premier second vin du domaine fut créé avec le millésime 1986 et s'appelait Clos J. Kanon.
Avant le rachat de 1996, un autre vin produit portait le nom de Château Franc-Grâce Dieu et était issu d'un vignoble de 8,5 hectares situé hors du clos.